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LES ENFANTS DE LA BALLE

 

 

- Johnny Mad Dog
TFM Distribution - 1h33

Réalisation : Jean-Stéphane Sauvaire - Avec : Christopher Minie, Daisy Victoria Vandy, Dagbeh Tweh…

Présenté à Cannes en mai dernier, dans la sélection Un certain regard, ce film a reçu le Prix de l’espoir… malgré un sujet assez désespérant. Il raconte le quotidien d’enfants africains qui ont troqué leurs jouets contre des armes à feu. Une fiction au réalisme revendiqué, qui nous plonge dans les horreurs d’une guerre civile.

en salle le 26/11/2008
>> accueil

- par Frédéric VIAUX -

 

- Destins croisés - 

D’un côté : Johnny Mad Dog, un ado armé jusqu’aux dents, à la tête d’une horde sauvage d’enfants-soldats prêts à tout pour servir la cause des forces rebelles de leur pays. Quel pays ? On ne le saura pas. Mais peu importe. De l’autre côté : la jeune Laokolé, qui cherche à fuir les combats et à sauver son petit frère, ainsi que son père, amputé des deux jambes. Johnny Mad Dog et Laokolé se rencontrent une première fois, le temps d’un long regard, dans un immeuble en ruine. Ils se retrouveront à la fin du film, alors que leur vie aura basculé.

- Dressés pour tuer - 

Le réalisateur Jean-Stéphane Sauvaire, à qui l’on doit déjà un documentaire sur les enfants tueurs de Colombie (Carlitos Medellin), s’appuie ici sur une trame romanesque, un livre du congolais Emmanuel Dongala, Johnny Chien Méchant, publié aux éditions du Serpent à plumes. Sa préoccupation n’en demeure pas moins sociologique. Comment transforme-t-on des enfants ou des ados en acteurs principaux d’une guerre ? La réponse est sous nos yeux : par l’embrigadement et l’exploitation d’une insouciance déconnectée de la réalité. Les jeunes soldats ne sont que des enfants qui jouent à la guerre « pour de vrai », mais sans prise de conscience. Ils n’ont peur de rien, tuent sans émotion. Ce sont des bouchers innocents, des combattants idéaux. Mais ce sont encore des enfants. En témoigne leur goût pour le déguisement (robe de mariée, perruques, masques, ailes de papillon…) et les surnoms qui sonnent bien, à l’américaine : Mad Dog, Small Devil, Young Major, etc.

- Lâcher les chiens - 

Deux scènes d’embrigadement sont particulièrement réussies. La première présente des rites traditionnels, sacrificiels, destinés à déchaîner l’esprit guerrier. L’état de transe est bien rendu par une caméra qui épouse le rythme incantatoire et par quelques effets de montage. La seconde est animée par un esprit plus militaire et insiste sur le recours à la drogue pour conditionner ceux qui vont combattre. Résultat : un état second ou une exaltation permanente, des enfants qui ne savent plus parler qu’en criant et qui tirent sur tout ce qui bouge. Ils sont galvanisés, se découvrent une puissance et un pouvoir qui se traduisent par le viol (d’une présentatrice TV) ou le vol (épisode absurde où un gamin haut comme trois pommes contraint un vieil homme à lui donner son cochon).

Plus absurde encore, la guerre en elle-même, qui voit certains chefs changer de camp du jour au lendemain, laissant les enfants-soldats déboussolés, perdus. Une perte de sens et d’identité pour ces « chiens de guerre » qui n’existent plus que par le combat, qui n’ont plus de famille et qui semblent même avoir oublié leur nom civil.

- pessimisme et humanisme -

Au-delà du sort particulier de ces guerriers en culotte courte, le réalisateur pointe du doigt (ou plutôt de la caméra) le non-sens dramatique d’une société dont les forces vives sont des forces destructrices. Il pose aussi la question de l’avenir, de ce qui attend les nouvelles générations, de la possibilité d’exister en tant qu’enfant. Un peu en marge de l’histoire centrale, une scène apparemment anodine en dit finalement long. Elle montre une femme qui vient d’accoucher dans un hôpital. Tout s’est bien passé. Mais son regard est fixe et d’une tristesse infinie. No future ? Pas sûr. La seule lueur d’espoir et d’humanisme, c’est Laokolé, le personnage féminin principal, qui la porte. Elle incarne l’intelligence, l’amour, la compassion, mais peut également céder à la violence et à la vengeance. Jusqu’où ira-t-elle ?

- Adieu Disney -

Grâce à une caméra très mobile, Jean-Stéphane Sauvaire filme au plus près des corps et au cœur même du mouvement, dans ce qu’il a de plus chaotique. Le spectateur prend tout de plein fouet. C’est une œuvre choc, difficile mais juste. Une justesse à laquelle Mathieu Kassovitz a peut-être contribué en tant que producteur. Il retrouve ici une fibre sociale (La Haine puissance 1 000) qu’il semblait avoir délaissée depuis le début de son aventure hollywoodienne.

Mais la justesse du film doit aussi et surtout aux acteurs. Si les noms ou prénoms de certains d’entre eux (Christopher Minie, Daisy Victoria Vandy) évoquent, par un curieux hasard ou une ironie tragique, l’univers merveilleux de Disney, leur vie n’a pas été rose. Ils ont eux-mêmes participé aux guerres civiles (au Libéria), comme soldats ou victimes. Il a fallu un coaching d’un an pour leur permettre de transfigurer leur expérience traumatisante et de la restituer à l’écran.

On compte actuellement 250 000 à 300 000 enfants-soldats dans le monde, dont la moitié en Afrique. Une situation que les services de l’ONU et les ONG ont bien du mal à solutionner. En 1996, Raymond Depardon avait titré un de ses documentaires : « Afriques, comment ça va avec la douleur ? » La réponse est toujours la même. Mal25/11/2008


>> VOIR une interview vidéo de MATHIEU KASSOVITZ <<

>> VOIR NOTRE DOSSIER SPECIAL SUR LES ENFANTS SOLDATS <<

 

- johnny mad dog et sa bande en transe -

 

 

 

 

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