- par Quentin MERCIER avec Gert-Peter BRUCH -
Au Congo, au Darfour, en Angola, à Haïti, en Birmanie, dans les Philippines… aux quatre coins du globe on a recours à de la chair à canon fraîche pour assouvir les fantasmes morbides de seigneurs de guerre. Les enfants ne sont plus seulement spectateurs ou dommages collatéraux, mais aussi acteurs de conflits qu’ont fomentés leurs pères. - une coutume au long cours -On peut remonter loin le fil du temps pour retrouver les origines de l’enrôlement des mineurs dans les armées. Déjà au VIIIème siècle avant JC, Sparte éduque, dans des unités d’entraînement spéciales, des jeunes de sept ans. Au Moyen-Age, on apprend aux chevaliers à prendre les armes à partir du même age. La cinquième croisade, quant à elle, est précédée par la « Croisade des enfants » en 1212. Celle-ci réunit les plus pauvres des allemands, sous l’impulsion de Nicolas, un jeune berger qui n'a sans doute pas même 14 ans, et des français, sous celle d'Etienne de Cloyes, qui a, alors, entre 12 et 15 ans. Les deux petits meneurs haranguent les foules et les persuadent qu’ils sont le peuple élu par Dieu pour affronter les Turcs et libérer la Terre Sainte. Les deux groupes de croisés abandonnent avant d’atteindre la Terre Sainte, épuisés. Beaucoup d'entre eux ne rentreront jamais (environ 50.000 pertes humaines). Bien plus tard, la Guerre de Sécession aux Etats-Unis met sur les champs de bataille des mineurs, et dans la première moitié du vingtième siècle, on se souvient des jeunesses hitlériennes qui seront surtout utilisées pour contrer les alliés marchant sur Berlin, ou des jeunesses mussoliniennes, les Barilla, pour ne citer que ces deux exemples flagrants. - et aujourd'hui ? -On aurait pu croire qu’à notre époque, qui a vu éclore la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et de l’enfant, les consciences humaines auraient évolué et mis un terme à cette pratique. C’est presque l’inverse. Selon l’Unicef et les Nations-Unies, ils seraient aujourd’hui 300.000 à avoir dans leurs mains des fusils d'assaut, des Kalachnikov, voire encore des grenades, ou à assister ceux qui tiennent les armes. Ils sont utilisés essentiellement dans les guerres civiles, comme en Afrique, en Asie, ou encore en Amérique Du Sud, chez les FARC (Forces Armées Révolutionnaires de Colombie) par exemple, qui retenaient Ingrid Bétancourt. Le plus grave étant que leur nombre ne cesse d’augmenter (on évaluait leur nombre à 250.000 en 2006). Avant d’aller plus loin, on peut s’interroger sur le terme d’« enfant-soldat ». D’après l’Unicef, sont qualifiés d’enfants-soldats les êtres humains âgés de moins de 18 ans, qui sont enrôlés illégalement par des groupes et forces armées. Ce sont indifféremment des garçons ou des filles. Ils sont exploités comme combattants, mais aussi comme espions, soigneurs, porteurs, cuisiniers, messagers, voire comme esclaves sexuels. - pourquoi et comment recrute-t-on
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