- IMMERSION aux confins de l’horreur -

Les exemples d’atrocités commises sur et par des enfants sont nombreux. Un rapide surf sur Internet vous livrera des dizaines de témoignages plus insoutenables les uns que les autres. On a décrit des scènes de torture durant lesquelles des gamins doivent démembrer des femmes et d’autres enfants à l’aide de machettes, forçant leurs victimes à manger leurs propres viscères... quand ensuite ils ne doivent pas eux-mêmes ingérer sous la menace certains organes de leurs proies, boire leur sang ou s’en asperger. Une véritable entreprise de démolition psychologique au service de la mort.

- etat des lieux : l’afrique pour épicentre -

Plus de la moitié des moins de dix-huit ans engagés dans des guerres se trouve en Afrique. C’est en République Démocratique du Congo, en prise à un conflit d’une brûlante actualité, dans le Nord Kivu, qu’on en trouverait le plus (leur nombre est difficilement déterminable, dans la mesure où les recruteurs se cachent bien d’avoir recours à cette main d’œuvre), avec près de trente mille soldats mineurs ; vient ensuite l’Ouganda (environ 20.000), puis le Soudan. Certains pays n’ont aucune évaluation du nombre d’enfants portant l’uniforme, mais on sait qu’ils existent, parfois en grand nombre (au Rwanda par exemple).

- réagir face au fléau -

Sur la scène internationale, au-delà de l’indignation et de la condamnation systématique qui est faite de ce type d’actions, de nombreux textes et protocoles ont été mis en place afin d’éradiquer ce fléau. Les Conventions de Genève de 1949 (en incluant ses protocoles additionnels de 1977) et des Nations Unies sur les droits de l’enfant de 1989, établissent le cadre légal visant à empêcher l’utilisation des enfants dans les conflits armés.

Depuis les années 90, les traités et résolutions se multiplient : en 1998, le Tribunal Pénal International range parmi les crimes contre l’humanité le recrutement ou l’utilisation d’enfants de moins de 15 ans dans les conflits armés. Dans la même ligne, la Convention internationale du Travail n° 182 de 1999, édictée par l’Organisation Internationale du Travail, qui définit comme l’une des pires formes de travail forcé le recrutement des enfants soldats…

- de la théorie à la réalité -

Des mesures ont donc été prises, des principes érigés, mais leur application sur le terrain reste problématique et très épisodique. Si des sanctions sont prévues à l’encontre des Etats ayant recours aux enfants-soldats, elles ne sont pas mises en application et les remontrances restent verbales. Ceci-dit, en 2003, le procureur de la Cour Spéciale de Sierra Léone, établie par les Nations Unies et le gouvernement sierra léonais en 2002, a émis les premiers actes d’inculpation liés à ce genre d'affaire. C’était une première, qui redonne une lueur d'espoir face à l'impunité généralisée.

- impossible réinsertion ? -

Outre l’interdiction formelle et universelle d’embrigader des enfants pour les conflits armés, qu'il faut à tout prix faire appliquer, se pose évidemment la question de la réinsertion de ceux d'entre eux qui doivent réapprendre à vivre après avoir connu l'enfer du quotidien d'un enfant soldat. Dans des contextes sociaux difficiles, où règne misère, problèmes sanitaires, analphabétisme et tensions ethniques, il apparaît peu probable, voire impossible de réintégrer des jeunes qui n’ont connu que les abominations de la guerre comme modèle de vie, qui ont fait face à des années d’endoctrinement en guise d’éducation... Comment réintégrer dans la société ces êtres détructurés, passés de l'état de victime à celui de tortionnaire, qui ont semé la mort sur leur passage ? Ces petits assasins sont le plus souvent rejettés avec force par leur famille, quand bien même il leur en resterait. Comment déterminer leur rôle et leur responsabilité juridique, quand ils ont été drogués et méthodiquement déshumanisés ? Et pour conclure, question essentielle, comment parvenir à une paix durable dans ces pays qui s’entredéchirent ? Les pays riches ne pourront se dédouaner sans fin des causes profondes de cette sombre folie. Ils doivent assumer leur part de responsabilité et trouver de nouvelles voies pour éradiquer cette hérésie. Ce sera, sans aucun doute, l'un des grands défis du nouveau millénaire26/11/2008