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Entretien Filmé

- ÉRIC-EMMANUEL schmitt -

Concerto À La Mémoire D'Un Ange - Albin Michel

 

- Interview, cadre, : Gert-Peter BRUCH - Montage : Julie COUTURIER -

 

1/3: 'DES NOUVELLES DE VOUS-MÊME'

- par Gert-Peter BRUCH -

Dans cette première vidéo issue de l'entretien que nous a accordé Éric-Emmanuel Schmitt dans le cadre de la promotion de son nouveau livre, Concerto À La Mémoire D'Un Ange, nous en explorons avec lui le fil rouge : Sainte Rita, avocate des causes désespérées canonisée en 1900, qui fait de surprenantes apparitions dans chacune des nouvelles qui compose l'ouvrage. Ceci faisant, l'auteur de La Part De L'Autre évoque également certains des thèmes centraux de Concerto À La Mémoire D'un Ange : le pardon, la possibilté ou pas de changer... Nous l'interrogeons également sur la difficulté de situer ses histoires dans le temps et sur son attrait pour les jeux de miroirs.

 

INTERVIEW

>> TEXTE INTÉGRAL <<

*

1 - TOUR D'HORIZON

Bonjour Éric-Emmanuel Schmitt. Lorsque vous évoquez Concerto À La Mémoire D'Un Ange, vous avez une jolie formule, que je vais vous laisser développer : « les nouvelles c'est comme un bouquet de fleurs.  »

Il est vrai que j'essaie d'écrire des livres de nouvelles plutôt que des recueils de nouvelles. C'est à dire qu'au fond il y a un thème qui s'impose et celui-ci va être traité à travers toutes les nouvelles et répercuté d'une nouvelle à l'autre, d'un milieu à un autre. En fait, je choisis des fleurs pour faire un bouquet, je ne compose pas un bouquet avec des fleurs prises au hasard. Quelque part, mes livres de nouvelles sont comme un roman, ils sont vraiment consacrés à une problématique, à une histoire. Celle de Concerto À La Mémoire D'Un Ange pose la question : peut-on changer ?

Il y a des personnages tout à fait étonnants. Pouvez-vous nous présenter Marie, par exemple.

La première histoire, L'Empoisonneuse, présente une certaine Marie Maurestier que l'on appelle "la diabolique de Saint-Sorlin", l'empoisonneuse du Bugey. Elle est soupçonnée d'avoir tué ses maris. Elle en a épousé plusieurs, toujours vieux et malades et ils sont morts peu de temps après leurs mariages. Cette femme a réussi à obtenir un non-lieu car personne n'a pu dresser de preuves contre elle. Elle vit son existence de femme suspecte dans ce petit village. Elle est en plus une attraction pour laquelle les gens se déplacent.

L'histoire commence alors qu'elle est sur le point de rencontrer un jeune abbé dont elle va tomber éperdument amoureuse. Pour attirer son attention, parce qu'il consacre plus de temps aux vices qu'à la vertu, elle va endosser la responsabilité de tous ses crimes et admettre qu'elle est cette grande empoisonneuse. Elle parvient à créer un lien avec lui en lui empoisonnant la vie (rire). Nous verrons ensuite si cela sera l'occasion pour elle, d'assumer ses crimes ou non,  mais je vous le laisse découvrir...

Puis, il y a Le Retour, avec l'histoire aussi assez surprenante d'un mécano répondant au nom de Greg.

Oui. Il est mécanicien sur un cargo et passe sa vie sur les océans. Un jour, alors qu'il est en mer, il est convoqué dans le bureau du commandant. Ce dernier lui annonce :  « nous avons reçu un télégramme, votre fille est morte ». L'homme ne réagit pas. Le commandant insiste et réitère ses propos, mais l'homme répond : « oui mais laquelle ? j'en ai quatre ». Le télégramme ne précise pas laquelle de ses filles est morte.

La nouvelle s'appelle donc Le Retour, parce que Greg raconte son voyage durant lequel, en pleine incertitude, il se met spontanément à penser : « je préfererais que ce soit celle-ci, parce que je ne l'aime pas. Je ne voudrais pas que ce soit celle-ci parce que je l'adore. » Tout à coup, il réalise qu'il a des préférences, des détestations. Un bon père n'en a pas le droit. Il se rend compte qu'il n'en est pas un. Cette nouvelle est l'occasion pour lui d'une métamorphose totale. C'est un homme fondamentalement différent qui descend sur le quai de Vancouver où, là encore, des surprises l'attendent. C'est l'histoire d'une brute qui s'humanise. J'ai été très touché par cet homme et je me rends compte que cette nouvelle émeut beaucoup les lecteurs ; surtout les hommes qui se retrouvent dans la position de ce père en conflit, obligé de s'avouer qu'au fond il n'aime pas tous ses enfants de la même façon.

Le dénominateur commun de tous ces personnages est qu'ils sont tous rongés par quelque chose.

C'est bon d'être rongé, vous savez, sinon on n'a pas de conscience (rire). Tous ces personnages prennent conscience un jourde ce qu'ils sont avant tout et certains vont saisir cette occasion pour changer. Sans prise de conscience on ne peut pas se modifier, s'altérer en suivant un chemin. Certains au contraire vont rester eux-mêmes car ils ne souhaitent pas changer. D'autres encore vont empirer.

On bascule de l'un à l'autre. C'est assez terrifiant, car c'est un livre qui balaye aussi les certitudes.

Oui, ce livre est optimiste, mais d'un optimisme lucide. J'y dit qu'il nous est possible d'obtenir la rédemption, de nous améliorer, non au sens religieux mais psychologique et moral. Mais parfois, c'est l'inverse qui arrive. Certains êtres ne veulent pas du salut et refusent de quitter l'égoïsme qui conduit leur action. Certains ont été victimes et se refusent à l'être de nouveau. Ils passent donc du côté du bourreau. On n'a jamais raison de devenir un bourreau mais on peut avoir une bonne raison de l'être.

Affirmer que rien n'est acquis peut finalement être un appel à la prudence. Cela peut être dans un sens un appel à la prudence. Faire le bien aujourd'hui n'est pas une garantie que l'on ne puisse pas basculer vers le mal demain.

Oui. Je crois qu'on ne peut absolument pas dire que X est bon et Y est mauvais. X et Y sont tous les deux capables de faire des actes bons et mauvais. Même si on s'est gardé du mal toute sa vie - est-ce seulement possible - on peut, en une seconde, faire une faute et détruire l'image que l'on a de soi.

Je suis contre ce que l'on appelle "l'essentialisme", ce concept qui affirme que l'on est bon ou mauvais par essence. Je pense que l'on est ce que nous faisons. Nous sommes les actes que nous effectuons, alors il peut y avoir une majorité de bien mais on ne peut pas échapper au mal... et inversement.

Les actes nous façonnent, mais parfois le destin le fait aussi. Les deux cas sont présents dans votre livre et c'est ce qui est passionnant. Vos propos me rappellent aussi La Part De L'Autre.

Oui. Dans La Part De L'Autre, mon livre sur Hitler, j'imaginais ce qui se serait passé si celui-ci avait réussi son entrée à l'Académie des Beaux-Arts à Vienne en 1908 et s'il était devenu un peintre et non pas un clochard, puis un soldat, un dictateur et enfin le barbare que l'on sait. J'aime bien en effet me poser la question de ce qui fabrique une vie.

Le laboratoire d'une vie c'est la vie elle-même. Je puise mon optimisme dans dans l'idée que l'on est certes déterminé mais que l'on peut changer. Il n'est pas possible de se créer, ni de changer d'histoire, de corps, de tempérament mais on peut établir des priorité et donner plus d'importance à l'un qu'à l'autre. Je ne crois pas que l'on puisse changer ; on peut se corriger et aussi s'abâtardir (rire). Malgré toutes nos déterminations, il existe un petit bouton qu'il est possible de presser, celui de la liberté. Il passe par la pensée, la prise de conscience, la décision et la volonté de changer ses priorités dans l'existence.

Après Le Retour, le livre se poursuit avec Concerto À La Mémoire D'Un Ange, nouvelle éponyme de votre livre, dans lequelle évoluent deux personnages très intéressants, Axel et Chris.

Ce sont de jeunes musiciens. Ils se rencontrent à l'âge de 18 ans. Axel est violoniste, brillant, inspiré, faisant tout avec facilité, sachant tout ce qui ne s'apprend pas. Il a du charisme et de la grâce. Le second personnage, Chris, est un travailleur, un acharné. C'est un ambitieux. Il est tout ce qu'on peut apprendre, mais pas plus. Êvidemment, leur rencontre est un peu explosive, en tout cas pour Chris, qui ne supporte pas d'être confronté au don d'Axel. Il va alors le mettre en danger lors d'une compétition sportive, un rallye, et refuser de lui porter secours alors que tous deux sont au fond de l'eau avec tubas et bouteilles, provoquant la noyade d'Axel.

L'histoire continue vingt ans plus tard. On découvre qu'Axel n'est en fait pas mort mais qu'il est devenu un être totalement différent. Très atteint physiquement par le coma qu'il a vécu, il a de plus perdu une partie de ses capacités. Son mental a changé : il est très agressif et en veut à la Terre entière. Il part à la recherche de l'homme responsable de ses malheurs et fini par le trouver sans le retrouver. Chris a changé, d'abord traumatisé puis bouleversé par ce qu'il a fait à Axel, par son indifférence, par le fait d'avoir pu causer la mort ou la maladie d'un homme. Il est devenu altruiste, il se met au service des autres. Il a gardé le même tempérament et la même histoire mais il les met au service de valeurs différentes. Lorsqu'il le débusque, Axel découvre donc un homme qui a changé. Va t-il toujours pouvoir se venger ? On peut se venger d'un bourreau mais qu'en est-il de quelqu'un qui a cessé de l'être et est devenu un être formidable. Que va t-il se passer ?

 

>> INFOS SUR L'OUVRAGE

DÉCOUVREZ UN AUTRE ENTRETIEN FILMÉ
DE ÉRIC-EMMANUEL SCHMITTICI

Éric-Emmanuel SCHMITT
concertiste des causes perdues

 

 

-après un passage par la case cinéma, l'écrivain nous revient très en forme avec Concerto À La Mémoire D'Un Ange, dont il nous dévoile les secrets

Nous retrouvons donc Éric-Emmanuel Schmitt un an après notre précédent entretien, autour, cette fois-ci, d'un savoureux livre de nouvelles (il n'aime pas le mot recueil): Concerto À La Mémoire D'Un Ange. L'occasion également d'évoquer ses récentes ou prochaines incursions dans les domaines du cinéma et du théâtre. Car l'auteur à (grand) succès est devenu un inconditionnel du septième art depuis les succès à l'écran de deux de ses romans, adaptés et mis en scène par ses soins : Odette Toulemonde (2007) et plus récemment le bouleversant Oscar Et La Dame Rose (2009), avec Michèle Laroque dans le rôle principal. Sur les planches, il met en scène Natacha Amal dans une interprétation unique de la terrible Milady de Winter, méchante attitrée du roman de Dumas, Les Trois Mousquetaires. Avec Milady, Éric-Emmanuel Schmitt va prendre à contre-courant les spectacles de cape et d'épée dans une œuvre plus féminine, centrée sur un personnage cruel mais inscrit dans une société qui l'est tout autant. Les représentations sont prévues du 14 juillet au 7 août 2010 à l'Abbaye de Villers-la-Ville (Belgique). En attendant, CulturClub vous convie à une exploration passionnante, avec l'auteur pour guide, d'un livre qui vient tout juste de recevoir le prix Goncourt de la nouvelle.

06/05/2010 >> accueil
        

 

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