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RETROUVEZ NOTRE CRITIQUE D'OCÉANSICI

  Océans, Les Secrets Du Tournage
JACQUES PERRIN,
toujours tu chériras la mer...

 

 

-homme de tous les talents,
le co-réalisateur et producteur d'Océans
poursuit l'aventure sur papier glacé

Jacques Perrin à eu mille et une vies. Une enfance à rêver dans les coulisses de la Comédie Française, une jeunesse.à tourner avec les plus grands (Marcel Carné, Henri-Georges Clouzot, Pierre Schoendoerffer, Jacques Demy) et une entrée fracassante dans la production avec Z, de Costa Gavras, pour lequel il eu l'instinct de muiller sa chemise. Depuis, il s'est fait chef d'orchestre de plusieurs chefs d'œuvres du documentaire (Microsmos, Le Peuple Migrateur), réinventant le genre en y apportant une touche singulière de poésie. Sa présence au Salon du Livre nous a donné l'occasion de revenir sur son récent et mérité triomphe, Océans, et d'évoquer la mémoire du vrai Crabe Tambour.

06/04/2010 >> accueil
         - par Gert-Peter BRUCH -

 

***

Rencontre

JACQUES PERRIN

Océans, Les Secrets Du Tournage - Seuil Jeunesse

...TOUJOURS TU CHÉRIRAS LA MER

Pouvez-vous nous parler de la raison qui vous a mené au Salon du Livre 2010, à savoir plusieurs ouvrages parus autour du film Océans ?

Les différents livres correspondent à une décision prise en commun entre le réalisateur Jacques Cluzaud, nos deux conseillers techniques, Stéphane Durand et François Sarano, et moi même. Le film est un hymne à l'opéra sauvage, à la nature, mais il existe uniquement grâce à des expressions musicales, des couleurs et un univers sonore. Nous avons voulu donner l'impression d'un contact apparent avec les animaux. Il manque cependant quelque chose dans le film. Quand on souhaite connaître véritablement l'état et la nature de ces animaux, on utilise une approche dite soit scientifique soit anthropomorphique. On ne présente pas dans le film le statut d'un animal par rapport aux autres, à l'écosystème, les interrelations, l'harmonie qui existe entre le milieu et l'animal, car si on le fait, l'aspect émotionnel disparaît au profit du renseignement. Avant d'avoir une information scientifique, il est important d'être touché par l'animal.

Dans un deuxième temps, ces livres apportent des réponses à tous les élèves et à ceux qui essaient de connaître "le pourquoi", les secrets et les ressorts de la nature. Pour ces différents ouvrages, on a aussi fait en fonction de la capacité de compréhension et de lecture de tous, du plus jeune aux personnes qui peuvent lire à un stade universitaire. Il y a donc des livres pour tout petits, comme Cherche Et Trouve, dans lequel un petit animal dessiné doit être replacé dans son milieu. On s'aperçoit qu'il n'est pas tout seul et qu'il vit toujours en fonction de ce qui l'entoure. Ce livre pédagogique est une petite leçon et permet de faire comprendre qu'il faut s'occuper des animaux sauvages et de leur milieu pour leur donner la possibilité de survivre ou tout simplement d'exister, .

Puis, les ouvrages se spécialisent : on y raconte les secrets du tournage dans des sites que la présence inhabituelle de l'homme perturbe. Il faut montrer que le cinéaste a, malgré tout, une connaissance de ces environnements divers et qu'il n'approche pas si facilement un milieu parce qu'il tourne avec une caméra. C'est une lente expérience, une démarche qui fait que l'on connait préalablement ce que l'on va approcher. Cela implique automatiquement un comportement particulier.

Ensuite, il y a un septième ouvrage qui explique les raisons pour lesquelles nous avons fait ce tournage. C'est un peu comme Le Livre De La Jungle. Il correspond au livre de la nature sauvage racontée d'une façon plus développée.

Avez-vous suivi personnellement de très près l'élaboration de ces livres ?

J'ai été très amusé au Salon du Livre, car je portais le petit carton "auteur" et je crois avoir été le seul écrivain de ce salon à n'avoir pas écrit (rire). Il y avait  stipulé : "Jacques Perrin présente" alors que les ouvrages sont de François Sarano et Stéphane Durand.

François Sarano, biologiste, est l'ancien coéquipier du commandant Cousteau avec lequel il a participé à de grands ouvrages. Il a même créé une fondation, Longitude 181 Nature, qui est une charte sur le plongeur responsable. C'est homme est souvent sous l'eau, la mer est son univers presque normal, plus que ne peut l'être la cité.

Stéphane Durand est ornithologue, il a collaboré dans notre film précédent sur les oiseaux. Il s'est découvert un intérêt pour ces créatures de la mer et est rapidement devenu un scientifique des animaux marins et des éléments de la mer, qui lui étaient inconnus.

Je suis un homme d'un certain âge, donc ce n'est pas moi qui ai filmé à 60 ou 80 mètres de profondeur avec une caméra pendant trois heures. Cependant, j'ai quand même eu l'idée, le suivi, l'impulsion, la tranquillité que l'on peut donner à chacun de nos collaborateurs. En regardant les images qui sont faites, je m'estime le premier spectateur, le premier lecteur des travaux qui sont effectués au sein de cette équipe. Je donne mes réactions, mes impressions qui ne sont que des conseils. En aucune façon je ne vais dire ce qu'il faut faire, il me semble que nous nous faisons confiance. J'arrive plus ou moins à être objectif, je regarde là où il y a déviance et ce qui pourrait être plus développé, puis je propose. Parfois cela fonctionne, souvent même ; à d'autres moments mes idées ne sont pas suivies.

Il existe dans Océans une partie qui relève de la fiction, dans laquelle vous et votre jeune fils Lancelot apparaissez. Il vous ressemble d'une façon si troublante que l'on a l'impression d'une seule et même personne. On se rend compte par la suite en vous voyant avec votre fils qu'il s'agit de deux personnes différentes. Pourquoi ces séquences ?

Premièrement, en réalisant ce film, nous avions commencé par effectuer des scénarios de fiction avec les personnes citées plus haut et un autre garçon, du nom de Laurent Deba, qui nous a quitté quand on est parti dans une expression tout simplement naturaliste. On avait créé un film avec des personnages emblématiques, lesquels montraient à quel point et pour quelles raisons ils étaient en relation avec la mer. Il y avait un scientifique, un marin pêcheur, un personnage inspiré de Paul Watson, le chasseur de chasseurs de baleines qui harponne les baleiniers dans les sanctuaires du sud des eaux australes. Mais on s'est aperçu que ces protagonistes prenaient trop d'importance et que nos acteurs principaux, c'est à dire les créatures de la mer, les poissons, existaient peu. On a donc complètement balayé tout ce qui était du domaine de la fiction en le remplaçant par des personnages humains, certains restant malgré tout dans leur symbolique. Il existe dans le film une séquence particulière, la "galerie des espèces disparues". Nous avons tenté de la rendre poétique, avec une interprétation politique pour exprimer ce désastre des animaux qui disparaissent de plus en plus vite ces derniers temps.

Ce drame s'est passé à une vitesse vertigineuse, en l'espace d'une vie humaine. C'est cela qu'on essaie de rendre impressionnant : tout est véritablement menacé ou en voie de disparition. Donc dans le film, il y a un enfant d'une dizaine d'années et un personnage plus vieux, comme moi, aux alentours de soixante-dix ans. Tous deux sont l'expression d'une voix humaine qui traite de ce désastre, cette inconscience et cette indifférence. Les gens ne comprennent pas ce que signifie « en 60 ans », alors que le fait de dire « le temps d'une vie humaine », est plus marquant. L'autre raison est celle de la transmission. Ce personnage d'un certain âge a compris le désastre, a pris conscience que l'on prenait une très mauvaise direction, mais pense qu'il est encore temps de réformer les choses et de survivre au milieu des autres.

Il y avait un film de Gérard Vienne et François Bel que j'aimais beaucoup et qui exprime bien cette idée. Le titre, prodigieux, en était Le Territoire Des Autres. Les personnages se rendent compte que cette terre n'est pas leur territoire et qu'il faut la partager. Parmi eux, un gosse complètement ouvert et au regard étonné, va s'apercevoir qu'il faut distinguer de ce qui est louable et de ce qui est regrettable dans l'attitude humaine.

La force de votre message est d'autant plus importante qu'il y a cette troublante ressemblance, on a alors l'impression que ce qui vous relie à l'écran est la part d'enfance qui reste en vous, cet enfant qui avait vu la mer pour la première fois assez tard, finalement, vers douze-treize ans.

Oui, tout à fait. Jacques Cluzaud et moi avions cette idée de "transmission" de ce que l'on a pu apprécier, de l'énorme trouble, de la peine que l'on peut avoir par rapport aux actes des autres et que nous perpétrons également. Du moment où l'on ne réagit pas, l'indifférence nous rend complice. Je voulais que cette "transmission" soit exprimée et permette aux spectateurs de regarder les événements sans passer par l'étalage de connaissances encyclopédiques, ou le cours de science naturelle du biologiste, mais simplement par le biais de la nature. Je voulais montrer un environnement à l'apparence tout à fait naturelle, déjà enlaidi et agressé. Il faut prendre conscience de cela avec les sentiments et l'âme d'un enfant. Je pense que c'est bien de rester dans cet état d'esprit quand on grandit. Ce sont des symboliques avec un petit cheminement qui me semblait discret mais suffisamment dessiné pour ne pas rester invisible pour certains

Je voulais vous parler d'une toute dernière chose qui me touche personnellement, liée à un grand film de votre vie. J'ai connu l'un des fils du lieutenant de vaisseau Pierre Guillaume, personnage qui a inspiré celui du crabe-tambour. L'avez-vous rencontré ?

Je le connaissais très bien. Je le voyais de temps à autre et il avait même assisté à une partie du tournage. Il pensait que le film et le livre étaient beaucoup plus inspirés de sa vie qu'ils ne l'étaient (rire). J'ai été un peu triste des livres qui sont parus sur sa vie. Il en a écrit une grande partie et d'autres sont des histoires d'héritages, des faits nauséabonds. Il a été un personnage prodigieux, je dirais une seule chose, qui le résume. Un bateau, qui était une épave, était accosté à Brest et il gênait un peu l'embouchure du port. Malgré l'Etat, la Marine Nationale et les différents services pour l'excavation des épaves dormant au fond l'eau, personne n'était parvenu à le retirer. Pierre Guillaume a travaillé pendant six mois et a réussi à retirer l'épave complètement enlisée, envasée. On n'a jamais compris pourquoi, mais il l'a fait. C'est un personnage qui était capable de choses tout a fait extraordinaires et on ne peut rien dire d'autre à ce monsieur que, « Chapeau ! ce que vous faites c'est bien. »

Je pense que c'était un homme de rêve également.

Oui complètement. Parfois il s'est emporté dans des aventures poétiques avec un esprit d'aventurier, dans un monde finalement dans lequel on est plus souvent à quai que parti derrière l'horizon, l'imaginaire et la vie. Beaucoup restaient à quai, mais lui est parti. Il reste de cet homme un beau sillage. Pierre Guillaume n'a pas disparu. Je l'aimais beaucoup..06/04/2010

OCÉANS LES SECRETS DU TOURNAGE - Seuil Jeunesse
En librairie depuis le 14 janvier 2010 / 48 pages, 15 €

- JACQUES PERRIN, CHEF D'ORCHESTRE
DU TRIOMPHAL OCÉANS -

 

 

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