Roland Dumas relie les récents événements du Burkina Faso à la montée en puissance de la crise ivoirienne orchestrée par la France et l'ONU (capture de Laurent Gbagbo). Quant à Jacques Vergès, il revient dans le détail sur la brutalité de la capture de Gbagbo et des siens, dont le monde reste sans nouvelles : « nous sommes en pleine sauvagerie.» Il rappelle qu'en Tunisie et en Egypte les nouveaux responsables sont légitimes car ils ont été portés par une marée populaire, ce qui n'est pas le cas ici : « la Côte d'Ivoire s'enfonce dans le chaos avec un chef d'état qui n'a plus aucune autorité. Comment voulez-vous avoir de l'autorité dans un pays quand vous arrivez dans les fourgons de l'étranger ? Quand vous avez vous même appelé l'étranger ? »

Le livre noir d’une élection truquée. Textes, documents et photos.

Une élection contreversée

Le 28 novembre 2010, le second tour de l'élection présidentielle en Côte d'Ivoire a mis le pays dans une situation incongrue : Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara se déclarent chacun président élu par une instance différente. Dans un premier temps, le jeudi 2 décembre, M. Youssouf Bakayoko, le président de la Commission électorale indépendante (CEI) avait opté pour Alassane Ouattara qui aurait obtenu 54,10 % des suffrages exprimés. Proclamation aussitôt approuvée par M. Choï, représentant le secrétariat général de l'ONU. Le lendemain, 3 décembre, les résultats officiels sont annoncés par le Conseil constitutionnel : Laurent Gbagbo est réélu président de la République de Côte d'Ivoire, avec 51,45 % des suffrages. Il prêtera serment dès le 4 décembre.

Violences et malversations

Nul ne nie que les élections à la présidence de la République ont été entachées de nombreuses irrégularités et violences. À cet égard, les différentes missions de surveillance ont été unanimes pour dénoncer : pertes en vies humaines, nombreux blessés, femmes mises à nu, intimidations, consignes de vote, bourrages d'urnes, urnes volées, dégâts matériels, délégués molestés, pillages, lapidations, etc. Et s'il n'est pas évident de déterminer les conséquences réelles de ces violences sur le résultat des élections, il faut bien tenir compte de la recommandation des Chefs d'État et de gouvernements de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) : " Il serait indiqué, pour la CEI, d'évaluer l'impact et l'ampleur de ces incidents sur la régularité et le déroulement du scrutin dans les bureaux ainsi concernés."

Deux avocats en colère

Roland Dumas et Jacques Vergès se sont rendus en Côte d'Ivoire pour constater les nombreuses irrégularités qui se sont produites lors du scrutin pour élire le futur président de la République. Ils sont revenus avec des documents édifiants. Ils ont rencontré les victimes dans la partie nord de la Côte d'Ivoire, pris leurs témoignages, et retrouvé les procès verbaux des bureaux de vote dans la partie contrôlée par Ouattara, qui font apparaître des fraudes indiscutables. Le dossier qu'ils ont constitué représente un document d'histoire, l'histoire de l'Afrique et du combat à mener pour rétablir une ombre de démocratie, au-delà des hypocrisies. On peut aussi s'interroger sur l'intervention précipitée de l'ONU par l'intermédiaire du représentant du secrétariat général, sans avoir au préalable pris le soin de vérifier la régularité du scrutin.
08/04/2010

Roland DUMAS & Jacques VERGÈS -
CRIMES ET FRAUDES EN CÔTE D'IVOIRE
Édite
En librairie le 22 avril 2011 / 160 pages, 20 €