- vamos a la playa -

Une bonne surprise que ce quatrième album d’un groupe que je ne connaissais ni d’Adam ni d’Eve. L’objet se dénomme Activity Center en clin d’œil au gros jouet d’éveil Fisher Price. Comme le démontre la pochette, un photo-montage amusant où l’on voit le groupe réduit à une taille lilliputienne, affairé dans une pièce rempli de cubes à empiler.

Première pensée à l’écoute du disque : le quatuor porte bien son nom car il délivre une pop solaire (mais attention, la crème anti-uv n’est pas fournie). Il suffit de fermer les lieux pour s’imaginer se prélassant sur une longue plage de sable blanc. Mais plutôt qu’à Tahiti, Xavier Boyer (auteur, chanteur et co-compositeur avec les autres membres du groupe) et sa bande nous emmène sur les plages californiennes et australiennes, avec des chansons fortement teintées de résonances Beach Boys, Crosby, Stills & Nash ou Crowded House. Eux se revendiqueraient plutôt des Beatles (on en retrouve également des accents dans leurs chansons et ce n’est pas le moindre des compliments), des Stone Roses, Left Bank, Zombies, Clash (là c’est moins évident…).

- pop anglophone… de Rouen -

Véritables gloires au japon, les Tahiti 80 ont méticuleusement tissé une pop « anglo-californienne » délicieusement rétro. Le fait ne prêterait pas à sourire si les quatre garçons dans la brise n’étaient pas rouennais de souche ! Lorsqu’on l’apprend, on est alors surpris par la qualité de l’anglais chanté de Xavier Boyer, qui, jusque dans les moindres nuances, suscite l’étonnement et un respect certain. D’ailleurs les Etats-Unis, où ils se sont déjà produits, ne leur ont pas fermé leurs portes. C’est quand même un signe fort, quand on connaît la rigueur de leur protectionnisme musical. Non, la musique de Tahiti 80 ne sonne pas comme celle d’un groupe étranger cherchant à imiter ses idoles. On ne pourrait à aucun moment penser que le quatuor ne vient ni d’outre manche, ni d’outre atlantique et encore moins d’outre pacifique. Eh oui, messieurs dames, ces garçons de plage sont made in camembert !

- « Chamallow-rock » -

L’album démarre sur le morceau le plus « pêchu » du disque. 24x7 Boy est un titre qui rappelle U2 dans la façon de chanter (la puissance en moins) et certains passages musicaux, ainsi que les Rolling Stones en ce qui concerne les chœurs. C’est presque rock, mais on sent d’emblée qu’il ne faut pas demander à Xavier Boyer de jouer les teigneux. Il en semble incapable tant sa voix est dénuée d’aspérité.

C’est à partir du second titre que les Tahiti 80 annoncent la couleur. Unpredictable (imprevisible) est un titre entraînant, plutôt bien ficelé dont le refrain se fredonne en hochant la tête. L’intro clavier rappelle les Animals, mais la comparaison s’arrête là. On devine qu’après 4 albums, 15 ans d’existence et un succès confirmé au Japon (!), les musiciens connaissent les codes pop sur le bout des doigts. La chanson est un peu prévisible, contrairement à ce que semblerait suggérer le titre, mais c’est efficace, alors on acquiesce.

- Quelques titres dispensables -

A défaut d’être prévisibles, certains titres sont trop « téléphonés » pour déclencher l’enthousiasme. Il en est ainsi pour All Around : joli single, belle mélodie, mais pas grand-chose à dire sinon que le titre aurait certainement gagné à être chanté de façon un peu plus soutenue dans les refrains. C’est musicalement efficace, agréable à écouter, mais ça manque de punch dans la voix… ou peut-être faut-il simplement prendre le temps de s’habituer à ce style ? En ces temps du « tout, tout de suite », il est parfois risqué d’attendre de l’auditeur qu’il produise le moindre effort.