- la tête dans les étoiles, les pieds sur terre -

Une chose est certaine, Ayo était prédestinée à mener une vie peu commune, quoiqu’il arrive. Née d’une mère gitane de Roumanie et d’un père originaire du Nigéria émigré en Allemagne, c'est dès son plus jeune âge qu'elle hérite de la passion des voyages et d'un goût pour le métissage. Quittant l’Allemagne à 19 ans pour se rendre à Londres et tenter la vie d’artiste, c’est finalement en France que la jeune femme signe son premier contrat (Polydor).

Un disque de platine pour son premier opus, Joyful, cinq concerts complets à l’Olympia puis un DVD qui leur est dédié (Live At The Olympia), quelques nominations aux Victoires de la Musique, une tournée en Europe et aux Etats-Unis, le tout en l’espace d’un an et demie à peine. De quoi vous faire voir des étoiles pendant un bon bout de temps et vous faire tourner la tête. Mais ce n’est pas le genre d’Ayo que de se laisser prendre au jeu du "star system" et se laisser griser par le succès et la gloire. Réfléchie, la germano-nigerianne sait redescendre du piédestal sur lequel le public et les médias l’ont installé. Bien heureusement, car en écoutant Gravity At Last, il est aisé de se rendre compte qu’Ayo n’est en aucun cas tombée dans la facilité.

- quand le succès ne vous quitte plus -

Pour travailler dans les meilleures conditions, rien de tel que de s’installer dans un cadre idyllique et rempli d’ondes positives. C’est donc aux Bahamas qu’Ayo a trouvé ce petit coin de paradis. Mais au delà des attraits touristiques du célèbre archipel, ce sont les célèbres studios de Compass Point qui ont pesé dans la balance pour ce choix. Créés en 1977 par Chris Blackwell, également fondateur du label Island, les lieux sont chargés d’histoire : AC/DC, U2, Bob Marley, les Rolling Stones et plus récemment les B-52’s, tous ont poussé la chansonnette dans ces lieux devenus mythiques.

 Sa carrière est encore balbutiante mais la belle métisse sait déjà s’entourer. Son producteur, depuis Joyful, se nomme Jay Newland (Norah Jones). Quand la recette est bonne, pourquoi changer les ingrédients? Avec le bluesman Lucky Peterson aux claviers et à la guitare Larry Campbell (déjà à l’œuvre aux côtés de Bob Dylan), la chanteuse peut dormir sur ses deux oreilles. Si Ayo a su mettre tous les atouts de son côté, c’est aussi parce qu'après un succès fulgurant et surtout la naissance de son premier enfant, la jeune insouciante d’hier est devenue une femme responsable : « je ne suis plus l’enfant de mes parents mais la chef de famille. Je suis plus mûre, plus adulte »

- paroles de femme -

Gravity At Last résulte des nombreux changements survenus dans la vie de l’artiste. La chanson I Am Not Afraid n’est pas le premier titre de l’album pour rien. Ayo met immédiatement les choses au point et impose son nouveau statut. «Je n’ai pas peur » lance-t-elle sur un titre qui semble dévoiler deux autres facettes de l'artiste : ses influences (Bob Marley) et ses origines (l’Afrique), grâce au mélange du reggae et de la chaleur des musiques africaines. Si la musique d’Ayo est clairement plus assurée et assumée qu’avant, il en est de même pour sa voix. Plus lourde et plus puissante, comme l’album dans son ensemble, elle est l’expression d’une nouvelle identité pleinement assumée.

Quant aux arrangements et aux orchestrations, ils sont désormais plus fouillés et plus travaillés. Fini le temps du "reggae-folk" qui, même s’il est plutôt sympathique de prime abord, a tendance à laisser place à la facilité. Aujourd’hui la jeune maman s’essaie au Blues avec Maybe, à la ballade avec Better Days, composée au piano et au violon, ainsi qu’à la chanson gospel avec Thank You. Ce titre boucle l’album, comme pour remercier l’auditeur de son écoute attentive et certainement aussi son entourage, visiblement très attentif au bonheur de la belle. Avec Gravity At Last, Ayo réussit le pari de se renouveler et de montrer qu’elle est une artiste complète, aux ressources loin d’être épuisées. C’est à n’en point douter l’affirmation d’une nouvelle personnalité, un moyen de dire au monde entier que la nouvelle Ayo est née, plus forte que jamais. Ne nous reste plus qu’à lui souhaiter une longue vie et encore et toujours de la réussite