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Entretien Filmé

- JEAN-CLAUDE MÉZIÈRES -

Valérian Et Laureline T21 / L'OuvreTemps - Dargaud

 

- Cadre, et montage : Gert-Peter BRUCH - Scripte : Orianne Valloo -

 

1/2: 'BOUCLAGE EXTRA-TEMPOREL'
- texte et interview Gert-Peter BRUCH -

Jean-Claude Mézières est un homme heureux. Heureux d'être arrivé au bout de l'aventure Valérian, heureux d'avoir pu terminer en bonne santé l'une des meilleures saga de science-fiction en BD. L'OuvreTemps aura nécessité trois ans de travail, bien loin du délai qu'il faut désormais à la génération actuelle de graphiste dont certains, tels Joann Sfar, s'offrent le luxe de publier plusieurs albums par an. Quel regard porte-t-il sur cette nouvelle école ? Réponse en vidéo.

 

INTERVIEW

>> TEXTE INTÉGRAL <<

*

1 - HISTOIRES DE FAMILLE

Valérian et Laureline : voilà deux personnages qui ont pénétré l'imaginaire de plusieurs générations. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que de nombreuses petites filles s'appellent Laureline...

Beaucoup de petits garçons se prénomment Valérian aussi, mais moins probablement que des Laureline. En parlant de générations d'ailleurs, c'est merveilleux car maintenant les Laureline m'écrivent pour me demander de dessiner leurs faire-parts de mariage !

Qu'avez-vous ressenti la première fois que l'on vous a dit : « j'ai appelé ma fille Laureline » ?

Je ne me souviens plus très bien mais je crois que l'une des toutes premières a été la fille d'amis. Quand la gamine a déboulé à deux ans ou deux ans et demi chez moi, elle à sympathisé avec ma fille du même âge. Il y avait donc Laureline et Émilie. C'était très drôle et cela a été forcément très touchant. Pendant longtemps, elle a été la seule connue et puis, d'un coup, j'ai reçu des faire-parts et j'ai découvert des Laureline plus âgées. Leurs prénoms avaient donc été choisis avant la naissance de cette jeune amie et j'ai trouvé cela formidable et très émouvant. Le phénomène a continué et il se poursuit toujours. En temps de dédicaces -on va voir ce soir- il y a parfois deux, trois femmes présentes qui m'annoncent qu'elles s'appellent Laureline. Et je raconte toujours cette histoire, car il y avait une femme très enceinte lors d'une dédicace qui m'a dit en pointant son ventre, « il y a une Laureline là aussi » (rire).

Qu'est-ce qu'un auteur peut demander de mieux ?

On pourrait être beaucoup plus riche, mais au niveau de la reconnaissance, je crois que cela a été incroyable, surtout avec ce nombre extraordinaire. J'ai même des petites Laureline chinoises et africaines (rire).

Les Valerian sont, il est vrai, un peu moins nombreux.

Il en existe quelques uns. Il y a quinze ans -il doit avoir trente ans maintenant- un homme est arrivé avec le nez légèrement cassé, les cheveux en bataille et il m'a dit qu'il s'appelait Valérian. Je lui ai répondu : « oui, je vous avais reconnu » (rire).

Dans quel état d'esprit êtes-vous maintenant, la saga bouclée ?

C'est une boucle, c'est ainsi qu'on l'a voulu. Je suis heureux de l'avoir terminée en assez bonne forme et Christin aussi. D'abord c'était pas gagné : après quarante ans de métier on peut tomber malade, avoir un accident et terminer l'histoire en catastrophe. On peut aussi être carrément six pieds sous terre et les copains doivent finir le travail. Il m'est arrivé plusieurs fois de terminer certaines histoires d'amis intimes. En fin de carrière on y pense toujours, en espérant ne pas "dévisser" avant de conclure. Je suis donc plutôt content et ce n'est ni la fin de ma collaboration avec Pierre, ni celle de mon propre travail. J'ai envie de dire que je suis soulagé car j'ai quand même mis trois ans à faire le dernier album.

Pourquoi tant de temps ?

Mais parce que c'est long la bande dessinée, nom de dieu, quand on ne dessine pas admirablement ! Je viens d'assister à l'exposition Pilote, dans laquelle les jeunes dessinateurs ont compris qu'au lieu de se prendre la tête comme les gens de notre génération désireux de faire un beau trait bien impeccable, ils peuvent dessiner avec rapidité. Ils ont complètement rompu avec le beau tracé parfait de tous les dessinateurs franco-belge de la grande époque, pour adapter un style d'écriture graphique d'une grande intelligence. Tout n'est pas réussi à 90% mais il existe d'excellents dessinateurs qui ont décidé de ne pas se faire chier, c'est le cas de le dire !

Il y a tout de même des extrêmes, comme Joann Sfar qui publie quatre ou cinq bd par an. Cela ne devient pas un peu trop ?

Celui là, je me demande avec quel pied il dessine aussi (rire). Oui mais attention, cela ne veut pas dire que ce soit bâclé. Je suis un défenseur absolu du travail de Joann Sfar ; il a simplement adapté une expression graphique de son invention et qui n'existait pas. Notre génération travaillait à partir de récits et de cases. Les nouveaux dessinateurs font aussi des gaufriers ou des effets du même genre, mais leur dessin est minimaliste. Ils ne décrivent pas des univers parallèles, des cités magiques. Ils dessinent un petit personnage à une table, accoudé au bar et donc le travail est plus "envoyé". C'est aussi une question de tempérament. J'ai quand même cohabité avec mon camarade Giraud, dit Moebius, que je connais depuis cinquante-cinq ans et qui lui aussi torche des choses avec une maitrise ahurissante quand d'autres se prennent la tête et vont se jeter dans le canal.

Il a réalisé plusieurs Inside Moebius et quand je l'ai rencontré, récemment, il a dit qu'il revenait pour les derniers albums à un style plus "léché".

Oui, j'adore son style "lâché", mais vous allez voir, je vais me lâcher aussi (rire) ! Je vais publier au moins une douzaine d'albums dans les cinq prochaines années (rire).

Quels sont vos projets justement ?

D'abord je voudrais qu'on arrête de me demander de signer des albums parce que je dédicace depuis bientôt trois mois, c'est monstrueux. Mais comme il s'agit quasiment d'un deuil national pour les lecteurs de Valérian, il faut une tournée de signatures. Ensuite, voyage au Japon prochainement. Christin et moi y avons été invités.

Valérian a du succès au Japon ?

Pas du tout, mais ça va marcher (rire). En fait, il s'agit d'un programme d'échanges avec l'université de Kyoto qui a un département d'art graphique et grâce au festival d'Angoulême, les gens ont pu se rencontrer. Jean David Morvan s'occupe aussi de ces liaisons et l'année dernière Moebius avait été invité, cette année c'est Mézières et Christin. La vie vaut d'être vécue quand même .

Vous allez connaître le pays du manga.

Oui, mais on va surtout voir comment ils réagissent face aux illustrations, car c'est une autre manière de travailler. Autant je comprends l'école Poisson Pilote et tous ces jeunes créateurs autonomes, artisans de leurs créations, autant je comprends moins bien les usines à dessin qu'il y a là-bas.

Votre graphisme risque de plaire parce qu'il n'est pas typiquement français, c'est d'ailleurs difficile de le définir.

Mon graphisme il est ce qu'il peut être, comme toujours. Les japonais ont surtout un dessin qui s'appuit peu sur la couleur. À l'inverse, en France, on doit utiliser la couleur car les albums noirs et blancs se vendent, parait-il, moins bien. Il est vrai que j'adore travailler en noir et blanc mais si j'utilise ce graphisme, c'est pour jouer vraiment avec du noir et du blanc.

Les premiers Valérian parus dans Pilote Super Pocket étaient-ils en couleurs ou en noir et blanc ?

Ils étaient en couleurs. C'est plutôt vers la fin de la période Pilote que certains Valérian ont été publiés en noir et blanc, je crois Métro Chatelet ou Brooklyn. Ça avait quand même beaucoup de gueule en noir et blanc, bien que mes dessins soient faits pour la couleur. Des indications d'ombre et de lumière peuvent agir différemment alors que maintenant on peut faire un grisé à la plume. C'était pas le même style. Je pense qu'il y a plein de choses à réaliser encore et ce que je voudrais est ne pas me concentrer sur un album de Valérian avec en plus la charge de la continuité. Il n'est pas question d'oublier la fin et de redémarrer une nouvelle aventure. Il s'agit de faire tout à fait autre chose et j'avoue que si on me fout la paix, je vais pouvoir réfléchir à réaliser d'autres projets (rire).

C'est très excitant ?

Oui c'est excitant, c'est pourquoi je suis assez content de pouvoir m'attaquer à d'autres travaux, ce qui est difficile à faire quand on a eu pendant tellement longtemps la même saga. Notamment les trois derniers albums de Valérian - Au Bord Du Grand Rien, L'Ordre Des Pierres, L'OuvreTemps - ont été réalisés dans la continuité. Je me suis arrêté quand même deux ou trois fois pour faire des petites ballades, mais il s'agissait vraiment de suites. C'est un lourd travail. Remarquez, quand on tape longtemps sur le même clou, s'il ne se tord pas, il s'enfonce... C'est quand même un peu dur.

 

 

 

L'OUVRETEMPS / Valérian & Laureline T21
par Pierre Christin et Jean-Claude Mezières

En librairie depuis le 20/01/2010 - Dargaud

  L'OuvreTemps / Valérian T21
Jean-Claude MÉZIÈRES
'bouclage extra-temporel'

 

 

-il est venu à bout de 43 années d'aventures spatio-temporelles, rencontre avec le dessinateur             de Valérian et Laureline

Clap de fin pour le couple de spationautes le plus populaire et sympathique de la bande dessinée francophone : pour Valérian Et Laureline la boucle spatio-temporelle est définitivement bouclée, après près de 43 années d'aventures palpitantes aux quatre coins de l'univers. L'OuvreTemps, tome 21 de leurs aventures est donc un événement notable dans l'univers du neuvième art, une page glorieuse qui se tourne en toute beauté. Amis de toujours, Jean-Claude Mézières (dessinateur) et Pierre Christin (scénariste) peuvent désormais pousser un ouf de soulagement et voguer vers d'autres cieux. Le Salon du Livre de Paris 2010 fut pour nous l'occasion d'un flasback émotionnel en compagnie d'un dessinateur heureux mais fourbu par une tournée d'adieux interminable...

29/04/2010 >> accueil

 

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