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EXPOSITION / KISS THE PAST HELLO
Musée d'Art Moderne - Paris

Polémique LARRY CLARK

qui a peur de la tragédie ?

 

 

-exposition Kiss The Past Hello
de Larry Clark, Musée d’Art Moderne, Paris, jusqu’au 2 janvier 2011 (+ 18 ans)

Sous le prétexte qu’une photo pornographique serait porteuse d’une dimension poétique, il faudrait l’autoriser aux mineurs. Les oeuvres de Larry Clark montrent des rituels de suicides, des scènes de violence, de sexe, des adolescents qui s’injectent de la drogue. L'exposition a été interdite aux moins de 18 ans, provoquant débats, soutiens et contestations dans les médias et les hautes instances. CulturClub en profite pour faire le tour de la question et des polémiques…

20/10/2010 >> accueil
         - par Bénédicte KIBLER -

 

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- AU NOM DE LA LIBERTÉ D’EXPRESSION… -

Les Professionnels de l’Art Contemporain (CIPAC et IAAC) contestent cette interdiction, s’inquiétant du « climat d’autocensure qui règne dans les institutions culturelles ». Ils confondent “interdiction aux mineurs” et “censure”. Or c’est justement pour montrer l’œuvre de Larry Clark en entier et éviter de la censurer que la Mairie de Paris a décidé de l’interdire aux mineurs. Pour quelle raison les institutions culturelles seraient-elles dispensées de respecter la loi ? L’artiste a-t-il plus le droit que les mineurs d’être protégé ?

- AU NOM DE L’ART OU DU COCHON ? -

Cette même ligue considère que par cette interdiction l’artiste est diffamé, rabaissé au rang de pornographe. Selon eux, l’art et la pornographie s’excluent. Les œuvres de Larry Clark donnent au mal-être des adolescents l’aura de la tragédie humaine. Elles sont donc artistiques. Mais elles tombent sous le coup de la loi pour la protection des mineurs, puisqu’elles sont porteuses d’un « message à caractère violent, pornographique ou de nature à porter gravement atteinte à la dignité humaine ». Pour les juristes, tout ce qui représente l’acte sexuel, des scènes de violence ou de pénétration, des pénis en érection, c’est du porno. Peu importe le talent de son créateur ! Ce n’est pas parce que c’est de l’art, que cela devrait être autorisé aux mineurs. Et puis finalement, qui a le droit de décréter ce qui est de l’art ou ce qui n’en est pas ?

- AU NOM DES ADOLESCENTS EUX-MÊMES ! -

Les Verts au Conseil de Paris ont critiqué cette interdiction, arguant que ces photos éclairent les adolescents sans tabous sur les dérives qui les menacent. On sait pourtant depuis longtemps, que montrer c’est rendre glamour, surtout si l’artiste a du talent… Ce qui est le cas. Et rendre glamour la drogue, la violence et le sexe vis-à-vis des mineurs, est-ce du bon sens ?

- ET NOUS, DANS TOUT CELA ? -

Quel regard osons-nous porter sur cette adolescence-là ? Larry Clark photographie des êtres réellement à la dérive, pas des acteurs… Faudrait-il “apprécier le spectacle” ? Mais le plus gênant, c’est cette fascination ambiguë pour le mal-être d’adolescents encore fragiles, encore un peu innocents, mais plus tout à fait… qui sont déjà les acteurs de leur propre tragédie. Devons-nous contempler, comme simple distraction, les portraits de personnes à la dérive ?

- LA TRAGÉDIE HUMAINE EST-ELLE
DEVENUE UN SIMPLE SPECTACLE ? -

Dans nos rues d’aujourd’hui, l’alcoolisme, la drogue, la violence, ce n’est pas ce qui manque, malheureusement… Quant au sexe, il est partout aussi, à la TV, sur Internet. Alors pourquoi aller dans un musée, si c’est pour voir la même chose que ce qu’on voit partout ? Parce que l’artiste nous donne à voir ce que nous ne pouvons pas regarder en face, dans la vraie vie. C’est l’intermédiation de l’art. Là réside toute l’ambiguïté de son talent. Nous n’allons pas au musée pour voir des choses mais pour découvrir le regard qu’un artiste leur porte, et pourquoi pas, modifier le nôtre. Le regard de Larry Clark n’est pas celui d’un adulte, compassionnel, protecteur ou réprobateur. C’est celui d’un ado sur l’adolescence, où tout, même le danger, n’est qu’un jeu…

Larry Clark ouvre un puits sans fond d’interrogations. C’est l’occasion pour tous ceux qui ont plus de 18 ans, de retrouver un regard d’adolescent sur la vie, et de mesurer à quel point ils ont vieilli… Et lorsqu’ils sortiront du musée, ils retrouveront leur regard d’adulte, l’envie de protéger ceux qu’ils estiment, à juste titre, fragiles. Finalement, l’adolescent et l’adulte qui sont en nous, ne sont pas si incompatibles que cela.

20/10/2010

Teenage lUST - 1983
BnF, dpt des Estampes et de la photographie
© Larry Clark



 

 

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