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- RAPPELS BIOGRAPHIQUES -

Le jeune Ivo Livi, né le 13 octobre 1921 en Toscane, est le troisième rejeton d’une famille italienne qui émigre en France deux ans plus tard. Avec sa soeur Lydia et son frère Julien, il passe son enfance à la Cabucelle, dans ce quartier de Marseille surnommé la « petite Italie ». La pauvreté et même la misère, « l’évasion » sur le port où le petit garçon regarde partir les paquebots pour l’Amérique, l’école quittée à 11 ans pour travailler, l’usine, l’amour immodéré du cinéma le dimanche après-midi, les imitations pour rire devant la glace et puis l’incroyable déclic vers 17 ans où la vie bascule d’un coup, un soir sur des tréteaux de fortune. Ivo Livi, à l’automne 1938, devient Yves Montand.

C’est dans cet univers, celui d’un quartier pauvre du Marseille des années trente où chacun se bat pour vivre, dans cette école de l’existence que se forgent, au contact d’un père mythifié, auprès d’une mère adorée et lointaine, et aux côtés d’un frère aîné militant et engagé, les valeurs et les repères qui vont façonner Montand : toute sa vie, il essaiera d’être fidèle aux rêves du petit Ivo. L’histoire s’accélère : la guerre menace et celui qui a choisi de s’appeler Montand balade sa longue silhouette de cow-boy des plaines du Far West sur les planches de l’Alcazar de Marseille. Trop Rappels biographiques jeune pour être mobilisé, le jeune homme travaille comme docker, part aux Chantiers de Jeunesse avant de reprendre une carrière dans les théâtres de la France occupée. Fuyant le STO, il monte à Paris au début de 1944 et se lance juste avant la Libération sur la scène de l’ABC. Quelques tours dans les cabarets d’où il rentre après le couvrefeu, et puis la rencontre décisive avec Edith Piaf. Le « prolo chantant » conquiert Paris alors que les Américains débarquent.

En quelques mois, Montand est une gloire nationale. Avec ses musiciens puisés dans les meilleurs orchestres de jazz, il est en tournée permanente, chante Luna Park et Prévert. En 1949, à Saint Paul-de-Vence, il rencontre celle qui va devenir la femme de sa vie, Simone Signoret. Amour fou, passion de ces deux êtres qui forment le premier couple « médiatique », un symbole de beauté, de réussite et d’engagement. Toute la France applaudit Montand qui tient la scène de l’Etoile sept mois de suite en 1953. Le monde est en guerre froide, Montand et Signoret sont des compagnons de route des communistes, et avec Gérard Philipe battent les estrades pour la paix et le désarmement. Juste après les événements de Hongrie, à l’automne 1956, Montand, après avoir beaucoup hésité, part chanter à Moscou. Voyage controversé au cours duquel les foules russes lui font un triomphe. Une nuit après le spectacle, Montand et Signoret discutent pendant des heures avec le numéro 1 soviétique, Nikita Khrouchtchev, qui vient dans son célèbre rapport de dénoncer les crimes de Staline….

Montand commence à perdre la foi, et rêve toujours de l’Amérique. En 1959, il part pour New York où il triomphe à Broadway. Toutes les stars sont là, à ses pieds, pour applaudir le french lover qui ne se contente pas de conquérir l’Amérique mais son sex-symbol, Marilyn Monroe. La love story d’Hollywood, sur le tournage du Milliardaire, défraye la chronique des gazettes du monde entier. Montand rentre en France, retrouve Simone qui l’accueille fraîchement. Dans le couple, c’est une fêlure irrémédiable. Montand a 40 ans et a déjà tout vécu. Il a perdu ses certitudes mais gardé ses illusions.

Commence alors une troisième époque dans sa vie et sa carrière. Il délaisse la scène et devient de film en film l’un des plus grands comédiens français. Une rencontre décisive avec Costa-Gavras et Jorge Semprun, et le trio d’immigrés, - un « rital », un grec et un « espingouin », font Z puis L’Aveu. L’occasion pour Montand de purger presque physiquement les erreurs de son engagement communiste. Il rompt avec sa famille et enchaîne les rôles les plus divers avec l’aisance que donne un énorme travail : en quelques mois, il passe du London hagard de L’Aveu au César de César et Rosalie, puis au Don César de La Folie des grandeurs. Quel grand écart acrobatique !

Dans les années 1970 et surtout 1980 s’ouvre une dernière phase de la vie de Montand. L’acteur devient une « grande gueule », une conscience qui s’exprime sur l’actualité, fait des émissions politiques suivies par des millions de téléspectateurs. La presse s’enflamme : et si le Papet imitait cet autre acteur, Reagan, devenu président des Etats-Unis ? Le phénomène Montand s’affole tandis que s’éteint Simone en 1985.