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*RETROUVEZ TOUTES NOS MISES EN LIGNE
  LIÉES À JACQUES VERGÈSICI

JACQUES VERGÈS*:

noir comme le diable ?

 

 

-à l'occasion de la reprise de Serial Plaideur pour une tournée en France, CulturClub repart sur les traces
d'un globe-trotter pas comme les autres

Nos lecteurs se souviennent sans doute de l'événement En Toute Liberté que nous avions consacré en janvier à l'une des personnalités les plus fascinantes qui soient : Maître Jacques Vergès, surnommé "avocat de la terreur" depuis un certain film. Le grand succès de cette opération nous incite à vous proposer aujourd'hui ce dossier inédit, alors que le principal intéressé fait voyager dans toute la France, depuis la rentrée, sa fameuse pièce Serial Plaideur. Ce qu’il y a de fascinant chez Jacques Vergès, c’est cet écran de fumée qu’il parvient à maintenir entre sa réalité et son image. L’homme public d’aujourd’hui a toujours su conserver sa part d’intimité, entretenant un véritable mystère autour de sa personne… et de ses  relations. Tentons de discerner les contours et d’éclaircir les zones d’ombres d’un homme d’influence.

09/11/2009 >> accueil

- par Quentin MERCIER et Gert-Peter BRUCH -

 

 

- connecting people -

Après son succès lors du procès du FLN (les condamnés à mort dont il assure la défense sont graciés), la présence de Jacques Vergès sur la scène médiatique s’estompe un peu. Nous sommes dans la première moitié des années 1960 et Il commence à étendre son réseau, avec de drôles et prestigieuses fréquentations. Ainsi, c’est lors de ces années qu’il se rend en Chine, dans le cadre de la revue Révolution Africaine, qu’il a créée, afin de rencontrer Mao Tsé-toung en personne. En 1963, il prend aussi la direction du département Afrique du ministère des Affaires étrangères pour le compte du gouvernement algérien, avant que Ben Bella ne l’évince. Il revient dans ce pays en 1965 et, à la demande d’Abdelaziz Bouteflika, alors ministre des Affaires étrangères en Algérie, il assure la défense des fedayins palestiniens qui viennent d'attaquer des avions de la compagnie israélienne El Al. C’est donc dès cette époque qu’il entre en relation avec les réseaux palestiniens.

Vergès va notamment défendre Mahmoud Hedjazi, reconnu coupable d’avoir tiré sur une patrouille frontalière et d’avoir pénétré armé en territoire israélien. Il plaide au procès du FPLP pour l’attaque des avions israéliens et se lie avec François Genoud (ancien nazi suisse reconverti dans la finance, gérant alors de nombreux comptes bancaires en Suisse pour des mouvements nationalistes arabes) et un certain Waddi Haddad ,chef de la section du Commandement des Opérations Spéciales à l’Etranger, une branche armée du FPLP. On attribue à Haddad le rôle de « père » du terrorisme contemporain à grande échelle.

- une bien étrange disparition -

Nous avons déjà évoqué dans notre dossier Jacques Vergès, La Face Cachée De La Terre (Rubrique Circus / La Grande Parade), la troublante disparition de Jacques Vergès de 1970 à 1978, mais revenons sur cet événement non élucidé qui a tant fait couler l’encre. Un jour de l’année 1970, après avoir déclaré à ses proches qu’il doit se rendre à Alicante, Jacques Vergès se volatilise dans la nature. Sa femme (Djamila Bouhired), sa famille, ses amis - dont le caricaturiste politique Maurice Sinet (dit Siné) - n’ont alors, du jour au lendemain, plus aucune nouvelle de lui. Certains le croient mort, victime des services secrets français, d’autres pensent qu’il est parti vivre son aventure personnelle ; d’autres encore croient à un engagement politique, voire terroriste clandestin.

En fait, la plupart des gens qui le connaissent pensent qu’il est allé au Cambodge où règne le régime de Pol Pot, qu’il a connu dans sa jeunesse, et des Khmers Rouges. Le documentaire de Barbet Schroeder établit qu’il ne se trouvait pas au Cambodge durant ces années de disparition, mais les spéculations perdurent.

- la clandestinité… de la spéculation
aux faits avérés-

De son propre aveu, Jacques Vergès entre alors dans la clandestinité, « abandonnant [sa] pipe et ses vêtements étiquetés », pour partir « très à l’est de la France ». Evidemment, il ne dévoile rien en disant cela : la Terre étant ronde, si l’on poursuit le chemin vers l’est, nous pouvons… retourner à notre point de départ ! C’est d’ailleurs un fait établi qu’il ait été, au moins de façon épisodique, à Paris pendant cette période. Il relate ainsi qu’il tombe nez-à-nez avec la veuve de l’un de ses anciens clients en allant faire ses courses chez un traiteur. Il se sort de cette situation dangereuse avec un stratagème semblant tout droit sorti d’une scène de film burlesque.

Vergès est donc passé par Paris, il est cependant peu probable qu’il ait passé ses huit ans dans la Métropole française. On lui imagine d’ailleurs des destinations très diverses : l’Allemagne de l’Est (où après son retour il effectuera de nombreux déplacements d’après les services de renseignements de la STASI), l’URSS (où un agent de la DST affirme qu’il aurait suivi la formation d’une école du KGB), le Vietnam (dont sa mère est originaire et où sa famille aurait pu l’héberger), l’île de la Réunion (où séjourne toujours son frère Paul, homme politique local), la Jordanie (dans des camps palestiniens), la Lybie, la Syrie, le Yémen… La liste paraît sans fin. On le soupçonne également d’avoir été l’un des rédacteurs de la constitution algérienne en 1975.

D’autres contrées pourraient avoir abrité Jacques Vergès, celles précédemment listées étant les plus couramment retenues. Le terroriste Carlos affirme pour sa part, que le clandestin Vergès aurait été aux mains des britanniques qui l’auraient torturé, et que, depuis, ceux-ci exercent encore un contrôle sur lui.

- Quand les questions en entraînent d’autres -

Etant donné ses rapports avec nombre d’activistes palestiniens, asiatiques, africains, européens, on peut raisonnablement émettre l’hypothèse que Jacques Vergès a longtemps été une cible à abattre. D’autant plus qu’il n’a jamais caché être en opposition avec les politiques hégémonistes mises en place par les gouvernements capitalistes. Aurait-il cherché, au lieu de s’engager dans un mouvement quelconque, à fuir une menace qui pesait sur lui ? Ou à l’inverse, devant le peu de preuves tangibles à notre disposition, peut-on imaginer qu’il se soit engagé auprès de l’un de ces services secrets, dont la spécialité est justement la clandestinité et l’effacement des traces ?

On l’aura compris, l’épais mystère qui entoure sa disparition, sans doute classé Défense, a peu de chances d’être éclairci. Car Jacques Vergès renchérit : « J’étais parmi des gens, qui sont aussi discrets que moi, peut-être pour des raisons sérieuses… et c’est pour les mêmes raisons sérieuses que je ne peux pas parler d’eux. » Donc de lui. A moins qu’il ne vienne à se livrer - dans son prochain ouvrage par exemple ? -, nous avons peu de chances de percer l’obscurité qu’il entretient sur ses huit années d’exil.

En 1978, Jacques Vergès fait son grand retour d’entre les morts, sans plus d’explications. Reprenant ses activités d’avocat, il s’installe à Paris de façon officielle. Ce sera le début des procès qui ont fait de lui l’un des avocats les plus controversés de la scène judiciaire.

 

- Amar bentoumi, ancien ministre
algérien de la justice, aux côtés
de son ami jacques vergès
-

 

 

 

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