-à l’occasion de son exposition
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20/12/2010 | >> ACCUEIL |
- par Steve CATIEAU - |
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Rencontre
- GABRIEL DESPLANQUE -
J'Ai Peu D'Effets Personnels
exposition à la galerie Plume (Paris) jusqu'au 20 janvier 2011
LE POSTER, par GABRIEL DESPLANQUE
- SYMBOLE BRUT -
Le travail de Gabriel Desplanque est essentiellement composé de photographies et de vidéos. Je me souviens qu’au premier coup d’œil sur ses images, j’avais perçu une atmosphère singulière. Un mélange d’insouciance et de violence. Je pense à La Vieille Femme faisant un feu sur un site désaffecté. Son visage camouflé par un morceau de tissu, elle gravite entre les flammes et les mauvaises herbes, laissant planer le mystère. Ce soin particulier à la lumière, on le retrouve dans l’Attente Parmi Les Arbres, où un jeune homme est accroché à un arbre dans une sombre forêt éclairée par des éventuels phares de voiture. Rocambolesque.
Petit appartement au nord de Paris auquel on accède par des escaliers interminables. Longue, très longue, cette ascension. « La vue vaut le coup » me rassure-t-il quand je pénètre, essoufflé, chez lui. Il me dirige directement vers le balcon et là, je constate qu’il ne m’a pas menti. Vue imprenable sur le Sacré-Cœur à droite, vue étourdissante sur les tours de Crimée à gauche. Un édifice religieux contre des gratte-ciels : un contraste qui semble bien lui aller.
- DES RÉFÉRENCES À L'ENFANCE -
Sur la petite table, du fromage et du vin rouge. Très français le Gabriel… Je m’installe sur une vieille chaise en formica. Il s’assoit dans un coin rapprochant ses jambes à son tronc. Comme un gosse qui refuse de se mettre à table. Des plantes nous entourent, il prétend avoir la main verte. J’accepte volontiers un verre de Bordeaux. Il s’exprime par des phrases courtes et les conclut par des petits raclements de gorge. Il dégage de la timidité ou quelque chose qui y ressemble.
Un moment, je me retourne vers son intérieur, aucune photographie aux murs. L’ensemble est fonctionnel, le mobilier se réduit à l’indispensable : un bureau, un canapé, un lit. De nombreux éléments de l’enfance sont dispersés ici et là, dans la pièce. Des jouets en bois, des kaplas et ce couvre-lit improbable tout droit sorti des années 80. Cela m’étonne à peine, il y a de nombreuses références à l’enfance dans son travail. Souvent ses photos mettent en scène des scénarios de mercredi après-midi ou des dispositifs de récréations avec des figurines en papier. Gabriel s’amuse à distiller des situations de son imaginaire comme peut le faire Michel Gondry.
- UNE DUALITÉ PERCEPTIBLE -
Je l’observe de haut en bas. Je commence à comprendre cette dualité entre l’adulte qu’il est et l’enfant qu’il n’est plus. Indiffèrent à la mode, dans son pull en laine râpé, le trentenaire n’a pas d’âge, tantôt adolescent ou vieillard selon les angles, selon la lumière. Comme avec sa production, le contraste des lumières vous invite à supposer.
- UNE IMAGE CONTROLÉE -
On attaque le camembert sur du pain un peu rassis. Je lui fais remarquer que ses dernières photos font preuve d’une réflexion plus adulte. Gabriel lève la tête vers le ciel, un court moment, sans pour autant confirmer mon impression. Il semble mal à l’aise. Il ne maintient pas le regard, parle à voix basse. Son image fragile, il l’utilise parfois dans ses travaux. On le surprend dans son bain dans Maman Me Mange ou on le reconnait dans le reflet d’un miroir, tel un Velasquez, dans Les Otages. Il est cet homme à la tête de chou. Et comme Gainsbourg, Desplanque est très soucieux de l’image qu’il projette. Cependant, l’artiste n’utilise pas les grosses ficelles ou les recettes du moment pour séduire. Il concilie expression du passé avec les attentes du présent, comme le paysage de son balcon.20/12/2010
J'AI PEU D'EFFETS PERSONNELS
Jusqu’au 20 janvier 2011
Galerie Plume, 48, rue de Montmenrocy, 75003 Paris - M° Jussieu
Du mardi au samedi, de 14h à 19h
© Gabriel Desplanque
Site officiel :
www.gabrieldesplanque.com